Le mois de septembre fut pour moi sous le signe des vacances avec un séjour breton (que je vous détaillerai prochainement) mais aussi d’une courte escapade dans le sud de la France, légèrement orientée par le désir de visiter un endroit particulier depuis quelques années.
En effet, depuis cette exposition de 2018, je suis passionnée par le travail de l’architecte japonais Tadao Ando et mon désir est de pouvoir admirer le maximum de ses réalisations in situ. Lorsque j’ai appris qu’il avait participé au réaménagement du domaine viticole Château La Coste près d’Aix-en-Provence et à sa transformation en un lieu d’exception, j’ai noté cette idée de visite dans ma liste des « Lieux à voir au moins une fois dans ma vie ». Depuis le 12 septembre dernier, je peux cocher ce nom dans ma liste : Objectif atteint !
Le centre d’arts de Tadao Ando au Château La Coste
C’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que je vais vous faire part de ma visite dans cet endroit mélangeant art, nature et gastronomie, en essayant de vous donner le plus de conseils possibles si vous décidez de vous y rendre à votre tour. De nouvelles oeuvres et expos sont ajoutées chaque année : J’espère donc avoir l’occasion d’y retourner dans le futur car, comme je pouvais m’y attendre, j’ai été totalement séduite par l’endroit !
SE RENDRE AU CHATEAU LA COSTE
Le domaine viticole Château La Coste se situe à environ 20mn en voiture d’Aix-en-Provence, dans la commune du Puy-Sainte-Réparade. Je ne suis pas sûre que le lieu soit bien desservi par le bus, donc si vous n’êtes pas motorisé.e.s, envisagez le taxi… à moins que vous ne possédiez un hélicoptère, vu que l’endroit possède une zone d’atterrissage ^^ !
En voiture (=notre humble moyen de locomotion), il est aisé de se garer dans le domaine dans le parking souterrain situé sous le centre d’arts, le bâtiment principal pensé par Tadao Ando. L’accès au parcours d’art et architecture est payant (15 € par adulte).
QUAND L’ART S’HARMONISE AVEC LA NATURE
« Aix » de Richard Serra
Cette communion de l’art avec la nature a un air de déjà vu ? Si vous avez suivi mon road-trip de 2019 au Japon, cette philosophie était déjà présente sur l’île de Naoshima (sur laquelle Tadao Ando a œuvré également) et je l’ai agréablement retrouvée en France au Château La Coste.
« Foxes » de Michael Stipe et « The marriage of New-York and Athen » de Frank Gehry et Tony Berlant
Tout est pensé pour ne pas dénaturer l’endroit d’origine et le sublimer. Cette belle idée vient d’un homme d’affaires irlandais Patrick McKillen, collectionneur d’art, qui lors d’une visite en Provence en 2004 avec sa soeur, décida de faire l’acquisition d’un vignoble (en toute simplicité n’est-ce pas ?). Il eut un réel coup de foudre pour Château La Coste puis lui vint l’idée d’en faire un endroit où les gens se retrouveraient pour partager l’amour de l’art, de la nature et de la bonne chère (=j’étais donc la cible idéale).
Pavillon de musique de Frank Gehry et « Calix Meus Inebrians » de Guggi
Il fait ensuite appel à des artistes qu’il admire et/ou dont il est proche (Jean Nouvel, Frank Gehry, Louise Bourgeois…) pour apporter leur touche personnelle et notamment à Tadao Ando à qui il confie la tâche de concevoir le bâtiment principal destiné à accueillir le public. À partir de là, le domaine s’étoffe peu à peu de touches architecturales, d’expositions et d’œuvres d’art, disséminées au milieu des vignes et reliefs du domaine.
L’incroyable installation de Andy Golsworthy « Oak room » réalisée à partir de troncs et de branches de chêne entrelacés
Et nous voilà en 2022 avec des pavillons d’exposition et plus de 40 oeuvres différentes implantées au sein du vignoble.
LE PARCOURS « ART & ARCHITECTURE »
« Multiplied resistance screened » de Liam Gillick
Une visite au Château La Coste est un véritable parcours sensoriel (je pourrais aisément développer un article Five senses rien qu’en parlant de ce lieu !). Même si vous pouvez vous y rendre « à l’aveugle », j’estime qu’il est tout de même utile de connaître certaines choses avant de programmer cette visite qui fait intervenir la tête, les jambes ainsi que l’estomac.
PRÉPARER LA VISITE :
- Surveillez la météo du jour de votre visite : J’avoue avoir tremblé quelques jours avant notre visite puisque la météo prévoyait des averses et orages mais finalement, la journée a été on ne peut plus idéale pour visiter cet endroit : Soleil et température estivale douce. Je ne conseille pas la visite par temps pluvieux, à moins d’être vraiment équipé.e mais cela risque de glisser par endroits et ce ne sont peut-être pas les conditions rêvées pour admirer les installations en plein air.
- Adaptez votre tenue vestimentaire : Le parcours comprend des chemins accidentés et caillouteux au sein des vignes : Privilégiez le confort. J’ai constaté que le dress code sur place est plutôt « casual chic » ou « Stylé-décontracté » donc soignez votre tenue en enfilant des chaussures confortables adaptées à une randonnée modérée (on a tout de même parcouru 13 km à pied ce jour-là) tout en étant présentable pour un déjeuner sur place (je n’ai vu personne pique-niquer et ne suis pas sûre que cela soit autorisé).
- Le parcours complet est censé durer 2h « en théorie » : Nous y sommes restés la journée entière de 10h à 19h (heures d’ouverture) (sachant que l’on prend des photos et que je reste pas mal de temps à réflechir/rêver/analyser/admirer devant une œuvre et d’autant plus lorsqu’elle est située dans cet écrin naturel). En gros, cela prend 2 heures si l’on marche en survolant les œuvres sans prendre de photos. Je conseillerais d’ailleurs de fragmenter le parcours en deux (une moitié le matin et l’autre, l’après-midi) avec une coupure déjeuner dans un restaurant du domaine.
- Il n’y a pas de toilettes ni de point de ravitaillement d’eau sur le parcours : Pensez donc à prendre vos dispositions à votre arrivée au Centre d’arts Tadao Ando (qui est équipé de toilettes) et munissez-vous d’une gourde.
- Pensez à réserver votre restaurant à l’avance (pour le midi et/ou le soir) : Je détaillerai davantage ci-après dans la partie « restaurants ».
- Le parcours comprend des zones plus ou moins ombragées : Prévoyez crème solaire et chapeau au cas où.
- Pour les personnes à mobilité réduite (ou peu sportives), vous pouvez réserver une visite qui se fait à bord de petites voiturettes.
LES OEUVRES DE TADAO ANDO :
- LE CENTRE D’ART : Le bâtiment principal ou Centre d’art est impossible à manquer en arrivant sur le site.
« Mathematical model 012 » de Hiroshi Sujimoto devant le centre d’arts designé par Tadao Ando
On reconnaît immédiatement le style de l’architecte japonais qui a eu le génie d’installer le parking sous le plan d’eau, ce qui, d’une part, ne dénature pas l’esthétique visuelle de l’endroit en occultant les voitures du décor, mais d’autre part, permet une entrée immersive dans l’endroit, lorsque l’on monte les escaliers du parking pour accéder au niveau supérieur.
« Small Crinkly »de Alexander Calder
Ce centre d’art comprend une boutique (bien fournie en livres d’art et d’architecture), des toilettes, un restaurant et 3 oeuvres intégrées au lieu : « Crouching Spider » de Louise Bourgeois, « Small crinkly » d’Alexander Calder et « Mathematical model 012 » de Hiroshi Sujimoto. On reconnaît les éléments signature de Tadao Ando : Grands murs en béton, ouvertures laissant passer la lumière et notion d’infini. Je suis toujours aussi fan.
- LA CHAPELLE : Elle surplombe la vallée et demande un certain effort pour y accéder. Les ruines d’une ancienne chapelle ont été restaurées et Tadao Ando a décidé de les enfermer dans un écrin de verre et de métal, mettant en valeur ce témoin du passé ainsi que le paysage environnant. Lorsque l’on ferme la porte de la chapelle en pierre, la lumière naturelle jaillit au-dessus, telle un halo divin assez fascinant. À l’extérieur de la chapelle, une grande croix rouge de l’artiste français Jean-Michel Othoniel contraste avec l’austérité du béton.
La chapelle de Tadao Ando et La Grande croix rouge de Jean-Michel Othoniel
- PAVILLON « FOUR CUBES TO CONTEMPLATE OUR ENVIRONMENT » : Une fois n’est pas coutume, Tadao Ando a conçu cette oeuvre en bois : elle renferme 4 cubes en verre, souligne les problèmes environnementaux et permet de pousser sa réflexion sur l’avenir de l’Homme sur Terre. Puissante et efficace.
« Four cubes to contemplate our environment » de Tadao Ando
- BANCS ORIGAMI : 2 bancs inspirés du pliage origami se trouvent sur le parcours, à des endroits stratégiques pour admirer la vue ou une œuvre. Le jeu avec la lumière et la nature est encore une fois de la partie.
Banc origami de Tadao Ando
LES AUTRES ARTISTES :
« Drop » de Tom Shannon
Je ne vais pas détailler chaque œuvre admirée puisque comme je vous l’ai dit plus haut, il y en a plus de 40. Je vais insister sur quelques-unes que j’ai trouvées particulièrement intéressantes, qui m’ont fait réagir ou poussé à réfléchir mais globalement, j’ai tout apprécié. Il faut d’ailleurs noter que chaque artiste a pu avoir la liberté de choisir l’endroit du domaine où implanter son travail, ce qui rend encore plus personnelle l’interprétation de chaque création.
J’étais très heureuse de retrouver une araignée « Crouching spider » de Louise Bourgeois (spécimen que que j’ai également admiré lors de l’exposition Women house de 2017). Cette métaphore maternelle à la fois protectrice et effrayante prend une autre dimension, reflétée ainsi sur ce plan d’eau, savamment imaginé par Tadao Ando.
« Crouching spider » de Louise Bourgeois
J’ai également pu retrouver sur le parcours une œuvre d’un autre architecte japonais : Kengo Kuma (dont j’aime aussi le travail mais qui m’avait un peu déçue au musée Albert Kahn). Il est renommé pour ses constructions très graphiques à base de bois. Ici, il a voulu réinterpréter la notion de Komorebi, terme nippon qui désigne poétiquement la lumière qui passe entre les arbres.
« Komorebi » de Kengo Kuma
Sophie Calle, connue pour ses oeuvres d’art interactives et personnelles, a sciemment installé une sépulture au bout d’un chemin isolé, entre les arbres. On appréciera au passage le jeu de mot du nom de l’œuvre : « Dead end » qui est l’expression anglaise pour « impasse ».
« Dead end » by Sophie Calle
Elle invite à y déposer un papier renfermant un secret inavoué. Je me suis donc exécutée et ai glissé mon secret dans la fente de la tombe : « Ici reposent les secrets des promeneurs ». Elle avait déjà expérimenté cet enfermement de secrets lors de performances antérieures, en Bretagne, à Genève et à New-York.
J’ai aussi particulièrement apprécié l’architecture des différentes galeries d’exposition : Le pavillon tout en courbes de Oscar Niemeyer (renfermant une exposition de l’artiste Anna Morris)…
Pavillon Oscar Niemeyer avec l’exposition Anna Morris
…le pavillon de Richard Rogers tout en hauteur (qui rappelle l’architecture du Centre Pompidou, qu’il a imaginé aussi avec Renzo Piano) parfait pour admirer la vue (hébergeant une exposition colorée de Idris Khan)
Exposition d’Idris Khan dans la galerie Frank Rogers
…ainsi que le pavillon de Renzo Piano (où se trouvait l’exposition de Bob Dylan).
Les œuvres de Bob Dylan pour son expo « Drawn black in Provence » cotoient celles de Henri Matisse, Claude Monet,
Camille Pissarro et Marc Chagall
Le pavillon Renzo Piano
J’ai également beaucoup aimé l’exposition photos « Moment of affection » de Mary Mc Cartney (la fille de Paul et Linda Mc Cartney) pleine de sensibilité et de douceur.
L’exposition « Moment of affection » de Mary Mc Cartney
Voici ci-après un petit florilège des installations présentes sur le site pour vous donner une idée de la variété des œuvres.
« Wall of light cubed » de Sean Scully
« Rail car » de Bob Dylan
« Labyrinth » de Per Kirkeby
« House of air » de Lee ufan (l’ombre devant le rocher est un trompe-l’oeil peint)
LES RESTAURANTS DU CHÂTEAU LA COSTE
Restaurant Tadao Ando
Nourrir son esprit c’est bien, mais satisfaire ses papilles, c’est encore mieux. Lorsque j’ai appris que ce domaine n’était pas seulement dédié à l’art mais aussi à la gastronomie, j’ai voulu profiter au maximum de cette journée. L’endroit comprend 5 restaurants (4 dans le domaine Château la Coste et le dernier, situé à la Villa La coste, le complexe hôtelier situé en bordure).
Puisqu’il a fallu faire un choix pour notre journée de visite, nous nous sommes tournés vers le restaurant Tadao Ando (pour le déjeuner) et avons voulu nous faire plaisir avec celui de la cheffe Hélène Darroze le soir venu. Cela dit, tous les restaurants donnent envie ! Voici donc les principales caractéristiques de chacun, qui pourront orienter votre choix :
- Le restaurant TADAO ANDO : (de 10h à 19h avec service déjeuner) L’endroit idéal pour admirer l’architecture du centre d’art et déguster des plats simples mais raffinés, respectant les produits de saison (comme vous pourrez le voir plus bas sur mes photos)
- Le restaurant LA TERRASSE : (de 10h à 19h30 : pas de réservation) propose des plats typiques provençaux (tarte à l’oignon, assiettes à partager…)
- Le restaurant FRANCIS MALLMAN : (Dîner tous les soirs et déjeuner seulement le weekend) Une cuisine proposant des viandes grillées, empanadas et autres spécialités argentines.
- Le restaurant VANINA : (Déjeuner et dîner tous les jours) Pizza, antipasti, pasta sont réalisés avec des produits frais et bio.
- Le restaurant de HÉLÈNE DARROZE : (menus 3 ou 5 plats au déjeuner et 5 ou 7 plats au dîner) Repas gastronomique dans un décor sophistiqué et chaleureux.
Le déjeuner au restaurant Tadao Ando était assez simple. Les produits sont frais, c’est plutôt bon mais pas exceptionnel (la Pavlova manquait d’un petit détail pour être parfaite hehe).
Mais le cadre était vraiment très agréable et apaisant, face au point d’eau et au mobile d’Alexander Calder. Cela dit, l’huile d’olive qui nous accompagnait durant tout le repas était délicieuse, ce qui m’a poussée à acheter une bouteille en souvenir.
En ce qui concerne le dîner au restaurant de Hélène Darroze, ce fut une merveille du début à la fin.
J’ai choisi le menu à 7 plats et mon chéri a été plus raisonnable avec 5 plats. Nous nous sommes régalés de ces multiples déclinaisons sur la thématique des légumes et fruits locaux. Grand coup de cœur sur les tomates de plein champs.
La carotte du potager du Château La Coste confite aux agrumes, gamberoni de San Remo rôties aux epices Tandoori, cébette et coriandre fraîche
Amuse-bouche et Tomate Plein Champs du Cabanon San Peyre à Peyrolles, coulis de datterino confites, pesto de verveine, fromage de chèvre frais, fines tranches de muge du Grau-du-roi, gelée d’eau de tomates fermentées
En dessert, le baba à l’Armagnac, signature de la Cheffe était léger et gourmand : Absolument divin. Pendant le repas, un renard sauvage est même passé nous saluer à quelques mètres de notre table : Bref, exceptionnel de bout en bout !
La figue de Patrick Blancon à Solliès cuite dans son jus et baba à l’Armagnac, dessert signature de Hélène Darroze
Je vous conseille dans tous les cas de réserver à l’avance votre table dans le restaurant de votre choix. Si j’ai l’occasion de revenir un jour, je tenterais bien le restaurant argentin et italien qui ont l’air chaleureux et appétissants.
SE LOGER À LA VILLA LA COSTE
Je ne pourrai pas vous donner plus d’informations à ce sujet sachant que le prix d’une nuitée est sensiblement équivalent à celui d’un vol aller-retour Paris-Tokyo mais ayant pu pénétrer dans l’enceinte de cette résidence (le restaurant de la cheffe Hélène Darroze se trouvant au sein de la Villa La Coste, en bordure du parcours d’art), on comprend que le raffinement et le design font partie intégrante de la Villa, sans parler du service qui doit être aux petits soins (enfin, je l’espère !).
Cela doit être malgré tout une fabuleuse expérience que de pouvoir loger dans ce complexe hôtelier d’exception (la lumière et l’aménagement des suites, au design épuré mais chaleureux, ont l’air somptueuses). Nous verrons bien si je décide d’investir un jour dans un séjour à la Villa La Coste (en vendant un ou deux reins) mais pour le moment, je me satisfais pleinement de ma visite du domaine ainsi que du dîner exceptionnel que j’ai pu savourer.
EN RÉSUMÉ
« Schism » de Conrad Shawcross
Cette journée passée au Château La Coste fut l’une des plus riches et agréables de mes vacances. J’avais vraiment l’impression d’être dans un parc d’attraction dédié à la beauté et l’art sous toutes leurs formes. Le fait de terminer cette journée par un repas merveilleux fut la cerise sur le gâteau.
Vins* et huile d’olive Château La Coste (*à consommer avec modération)
J’ai pensé à rapporter des souvenirs de mon passage : Bouteilles de vin du domaine (en vue de les partager avec de futurs convives plutôt que pour moi, vu ma faible tolérance à l’alcool), une bouteille d’huile d’olive produite au Puy Sainte Réparade et un livre sur l’oeuvre de Tadao Ando au Château La Coste (je le recommande vivement si vous souhaitez connaître d’avantage les coulisses de la construction, ses intentions pour chaque oeuvre à renfort de dessins et de maquettes explicatives : Une vraie merveille ! ).
Magazine « Beaux Arts » et Livre « Tadao Ando Château La Coste » (Ed.Actes Sud)
Une nouvelle oeuvre « Mater earth » de Prune Nourry était en construction au moment de ma venue et promet d’être impressionnante puisqu’elle représentera une femme enceinte géante émergeant du sol. On pourra apparemment accéder à l’intérieur de son ventre réalisé grâce à une structure de bois et de terre non cuite.
L’oeuvre « Mater earth » de Prune Nourry en construction
D’autres expositions sont programmées pour les prochains mois. Que de bonnes raisons de vouloir revenir !